Soeurcières : Nous sommes les petites filles de celles que vous n’avez pu brûler par Caroline Letourneau

Medium: Acrylique sur toile 
Dimensions: 122 cm x 91 cm
Année: 2023

Cette œuvre « Soeurcières : Nous sommes les petites filles de celles que vous n’avez pu brûler » renvoie directement à une citation de la néopaïenne, écoféministe et activiste climatique Starhawk, dont la représentation est à droite de la toile. Inspirée par mes lectures de Sorcières : La puissance invaincue des femmes de Mona Chollet et de Rêver obscur de Starhawk, je me suis réappropriée la figure des sorcières comme source d’empuissancement (empowerment). Si Sylvia Federici a démontré comment la chasse aux sorcières était en fait l’organisation à grande échelle de féminicides orchestrés par l’Église et les médecins, il importe de se rappeler que les sorcières étaient des guérisseuses, herboristes et pharmaciennes qui avaient développé un savoir et une pratique des plantes qui leur permettaient de soigner et d’accoucher. Pour les écoféministes, se revendiquer sorcière, c’est se réapproprier ce lieu sacré à la nature, au cycle des saisons, au corps et à la puissance qui vient de l’intérieur (le « pouvoir du dedans » selon Starhawk). Cette dernière incite donc les femmes à transformer leur peur en action politique. Dans ma toile, les deux écoféministes font un geste de compassion, la main sur le cœur de l’autre. J’ai aussi associé mes personnages aux « trois sœurs », les trois légumes qui sont une figure d’interdépendance pour les Autochtones et qui sont utilisés couramment dans la permaculture. Dans son ouvrage « Tresser les herbes sacrées », Robin Wall Kimmerer explique comment ces trois légumes (courge, haricot et maïs) ont une leçon à nous enseigner : « Faites bon usage de vos dons afin de prendre soin les uns des autres, travaillez ensemble et chacun sera nourri. Ces comportements aimants entre les trois sœurs sauront, je l’espère, nous inspirer à collaborer et à retisser des liens avec notre planète. »