Collection: Théo Bignon

EN  (FR below) 
BIOGRAPHY
Théo Bignon (b. 1993, Orléans) is a French artist living and working in Tiohtià:ke (Montréal), whose work investigates the intersections of desire, ornamentation and queer existence. His work has been exhibited internationally including Galerie McClure (Montréal), Villa Noailles (Hyères, France), The Hive Gallery (Los Angeles, CA), Site:Brooklyn (Brooklyn, NY), Bunker Projects (Pittsburgh, PA), Salon LB (Chicago) and Whatiftheworld Gallery (Cape Town, South Africa). He will be presenting two solo exhibitions in the spring 2024 at Centre Clark and Blouin Division (Montréal). His research and writing has been published in the journal Critical Studies in Men's Fashion and Catalyst: Casual Encounters. Théo is also one of the three co-founders and co-organizers of Abstract Lunch, a grassroots artist-run curatorial project emphasizing experimentation and play, and community engagement. He is a recipient of the 2023 Artch's grant for emerging artists. He holds an MFA from the School of the Art Institute of Chicago as a New Artist Society scholar, and a BA from Sciences Po Paris.


STATEMENT
Like a knowing wink from a stranger in an anonymous crowd, my work finds pleasure in a tension between what is hidden and what is revealed. I explore the ways in which ornamentation, desire, and encoded meanings spill out from and exceed the objects to which they are attached.  Mesh fabrics, lace, bits of sportswear garments, pearls and costume jewelry, fixtures, sensations and memories from gay bars and cruising spaces are pieced together and recreated in my work in the same manner as my own constitution: haphazard with an attention to detail. I create embroideries, objects and built environments that speak to practices of desire, cruising, and  queer community gathering.  In particular, I look at sites that are often considered invisible or that are thought to be better left unseen—the sex club, the cruising park, the public urinal, and the traces of other “deviants” who came before me. These various places of unapologetic queer socialization are threatened by various forces such as police repression, gentrification, and the current sanitary crisis we are living in. For me, they represent refuges, places of complete acceptance that nourish my work and make me think of the exhibition space as a cruising experience.

I embrace the erotic possibilities of the everyday object, and the ways that decorative techniques can transform and misuse the mundane. I borrow my techniques from embellishing crafts such as beading and embroidery to question notions of artificiality and excess (reproaches often attributed to non-heteronormative identities) and to consider their historical exclusion in the dominant artistic discourse. My practice pays homage to ways of resisting the established order while going unnoticed, deceiving as a survival tactic, in the image of my beaded lavender sprigs. I make this flower, a symbol of many radical queer groups as well as a prevalent plant in the South of France, using a technique developed in the 16th century, when beadworkers collected misshapen beads and transformed them in the evening into delicate flowers later sold to the bourgeoisie. I see in these decorative practices a rich terrain for subversive interventions, where the work of the hand echoes the malleability indispensable to the constitution of our *2SLGTBQIA+ identities.

FR ( EN above) 
BIO 
Théo Bignon (né en 1993, Orléans) est un artiste établit à Tiohtià:ke (Montréal) dont la pratique examine les intersections entre le désir, l'ornementation et l'existence queer. Son travail a été exposé à Villa Noailles (Hyères, France), Bunker Projects (Pittsburgh, PA), The Hive Gallery (Los Angeles, CA), Site:Brooklyn (Brooklyn, NY), Salon LB (Chicago) et Whatiftheworld Gallery (Cape Town, South Africa). Il présentera deux expositions individuelles au printemps 2024 au Centre Clark et à la galerie Blouin Division (Montréal). Ses travaux de recherche ont été publiés dans des journaux dont Critical Studies in Men's Fashion et Catalyst: Casual Encounters. Théo est également l’un des cofondateurs d’Abstract Lunch, un projet curatorial pour artistes valorisant l’expérimentation et l’engagement communautaire. Il est bénéficiaire de la bourse pour artistes émergents Artch 2023. Il est titulaire d’une maîtrise en Beaux Arts de la School of the Art Institute of Chicago au sein du département Fiber & Material Studies et d’une licence de Sciences Po Paris.

STATEMENT 
Tel le clin d'œil entendu d’un inconnu dans une foule anonyme, ma pratique prend plaisir dans la tension qui existe entre ce qui est dissimulé et ce qui est révélé. Je crée des broderies, des objets et des installations qui examinent les intersections entre les pratiques de désir, la socialisation queer et les notions d’ornementation et de décoration. En particulier, je m’inspire des lieux souvent considérés comme invisibles ou que certains aimeraient ne pas voir: les dive bars, sex clubs, urinoirs, le cruising dans les parcs publics ainsi que les traces des ‘déviants’ qui sont venus avant moi. Ces espaces de rencontres queer et impénitentes ont de tout temps été menacés par la morale, les répressions policières, la gentrification des villes et les crises sanitaires qui continuent de s’abattent. Pour moi, ces espaces représentent des refuges, des lieux de résistance et d’acceptation radicale où se joue la danse des corps et des regards, non sans rappeler l’espace de la galerie. Je teins, amalgame et manipule des textiles aux connotations fétichistes ou historiques que j’emploie comme des bases sur lesquelles ces espaces formatifs et leurs souvenirs y sont re-présentés, nichés dans des cartes spéculatives et autres compositions abstraites. J’utilise le pouvoir sémantique des couleurs ainsi que des iconographies ciblées afin de créer un jeu de piste qui ne se révèle qu'à certains. Ma pratique oscille entre l’abstraction et la figuration selon les enjeux des espaces et comportements que j’invoque, souhaitant ainsi en respecter le caractère secret, parfois même illicite, tout en articulant une recherche formelle et matérielle autour de ces questions.

J’emprunte mes techniques aux métiers d’art de l'embellissement comme le perlage et la broderie afin de questionner les notions d’artificialité et d’excès (des reproches bien souvent attribuées aux identités non-hétéronormées) ainsi que pour considérer leurs exclusions historiques dans le discours artistique dominant. Ma pratique rend hommage aux manières de résister l’ordre établi tout en passant inaperçu, à la duperie au service de la survie, à l’image de mes brins de lavande perlés. Je fabrique cette fleur, symbole de nombreux groupes queer radicaux ainsi qu’une plante omniprésente dans le sud de la France, en utilisant une technique élaborée au 16ème siècle où les perleuses récupéraient les billes malformées qu’elles transformaient le soir en fleurs délicates vendues par la suite à la bourgeoisie. Je vois dans ces pratiques décoratives un riche terrain d’interventions subversives où le travail de la main fait écho à la malléabilité indispensable à la constitution de nos identités *2SLGTBQIA+.

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